Drifter from the underground

On a l'habitude de faire des interviews de FDP du coup on a pris contact avec Boris Ramos pour parler un peu de lui. Si vous ne le connaissez pas encore, sortez de votre grotte pour aller regarder le Championnat de France Drift ! On lui a donné la parole sans censure et en direct live, rien que pour vous !

Salut Boris ! Est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui savent lire ici ? Qui es-tu? D'où viens-tu ?

Je suis un jeune de 21 ans, je viens du Midi-Pyrénées en Ariège, au bord des montagnes. J'ai toujours kiffé les sports de glisse et extrêmes. J'ai fait du skate, du roller, j'ai un peu tout essayé. Puis, c'est parti vers une bécane, je suis allé faire de la compétition en 50cm³. Et c'est à l’étape suivante que c'est parti en couilles ...

Après le permis, j'allais faire de la merde dans les montagnes et les zones de station de ski avec mon frère plus âgé. Il me faisait kiffer à taper des freins à main avec sa traction. Quand l'hiver débarquait, on faisait de la glisse sur la neige. Je pouvais y aller à n'importe quelle heure, même à 2 heures du matin, sur des routes désertes, pour foutre le bordel et s'amuser. Comme quoi, on peut se faire plaisir même avec une traction. C'était une Megane 2 DCI et c'est grâce à cela que j'ai pris goût à la voiture.

J'ai choppé une vieille E30 316i qui a fini en missile. Je faisais mes trainings dans les montagnes, les ronds-points, partout où ça pouvait glisser. Une fois, je me suis fait signaler sur un groupe Facebook de la région comme un vrai danger public. On parlait d'une caisse avec des dents de requin en stickers en ville :D ! Cette auto je l'ai martyrisée.

Puis j'ai trouvé un comparse sur Facebook, Maximillien Le Corre. Avec lui aussi, on se faisait des soirées à rouler par chez nous. Je me suis dit qu’il fallait que je m'achète une caisse. Je suis tombé sur une E30 légèrement préparée, mais pas du tout dans mon budget. On en a discuté un peu et il m'a dit « Vas-y ... fonce ! ». Du coup, j'ai loué un plateau-remorque au dernier moment et nous sommes descendus sur Bordeaux pour la chercher. Elle n'était pas homologuée. Alors j'ai commencé les trainings sur circuit à Mérignac.

Il parait que le drift coûte cher. T'as réussi à te payer cela comment ?

Dans la vie de tous les jours, j'ai fait des 8h en équipe, des nuits, de l'intérim. Je charbonnais pour me payer des conneries, pour réaliser mon rêve, mon gars. J'ai également fait un peu de mécanique chez Speedy. Je ne connaissais pas grand-chose, mais j'ai appris sur place.

J’ai surtout pas mal profité de deux avantages : une machine à pneus gratos et des trains de pneus à pourrir sur la route. Tous ceux que les clients laissaient là, je les achevais. Tu te doutes que j'en abusais.

Il y a des gens qui t'inspirent dans le monde auto ?

J'ai toujours rêvé de F1. De mon époque, c'était du Michael Schumacher et du Sébastien Loeb. C'était du Ferrari, avec la casquette de Schumacher dans la cour de récré. Nous étions fans de sport automobile, mais à travers la télé. Maintenant, je me suis lancé dans le monde auto et toute la famille me soutient. En vrai, il ne faudrait pas s'étonner si mon frère débarque un jour sur un circuit de drift. Dès que j'ai mon PC avec Assetto Corsa (jeu de simulation auto), je vais le poser devant et le motiver pour voir le résultat final.

Rouler en underground, ça se fait encore ou pas ?

Ouais, ça se fait encore, mais c'est super chaud de le faire discrètement. Beaucoup de gens reconnaissent la caisse et je suis vite repéré. En allant du côté de Toulouse, un mec m'a attrapé dans la rue en me demandant « C'est toi Boris Ramos ? ». Donc faire de la merde c'est chaud. Je n'ai pas envie d'avoir des emmerdes en commençant ma carrière. Aujourd'hui, je ne laisse que les photos sur circuit. Ce n'est qu'une fois posé dans mon atelier que je vais immortaliser cela avec mes potes, durant un shooting avec fumigènes, etc.

Au niveau de tes projets ?

Passer en pro l'an prochain. Actuellement, il y a que les finances qui bloquent. Il me faut finir l'arceau, terminer la bagnole et mettre des chevaux. Quand je viens sur circuit, on me demande souvent « A quand le turbo ? », « Tu vas lui faire quoi ? ». Ne vous inquiétez pas. Je prévois du sale !

Un de tes meilleurs souvenirs à raconter ?

À Albi en novembre, j'ai un petit cousin de dix ans qui me suit. Il avait un vieux Nokia et il filmait avec son téléphone. Il était super heureux et rigolait. C'était une journée de fou. Ce fut énorme ...

Ton pire souvenir ?

Quand j'ai pété le pont à Nogaro. J'avais fait un tour avec ma copine, sans problème. Au second tour, la caisse commence à chier complet avec un bruit de fou. C'était super impressionnant. J'ai réussi à mettre mon point mort et je suis rentré. J'ai mis 45 minutes pour changer le pont. C'était intense. Heureusement, j'avais toujours des pièces pour tout changer et ne pas rester bloqué.

Qu'est-ce que tu penses du monde automobile actuel ?

Beaucoup trop d'électronique. Il faudrait que cela soit comme une bécane : 3 fils pour l'allumage et c'est réglé. Comme ça, on pourrait faire des swaps de malade sans se faire chier avec de l'électricité. Non, en vrai côté voitures électriques, je n'ai essayé qu'une Volkswagen E-Golf Mk VII, et je n’ai pas été épaté.

Ça serait amusant de débarquer en Tesla et de voir ce que ça donne dans le monde du drift, non ?

Ouais, disons qu'il faut le sponsor pour suivre, parce qu'on ne parle pas des mêmes prix là ...

Est-ce ce qu'il y a un mot que tu aimerais laisser pour des gens qui te regardent et qui se disent qu'ils ne peuvent pas faire pareil ?

Pour les jeunes, allez-y ... tout est possible. Il faut se donner les moyens et ne pas brûler les étapes. J'en connais qui foutent des turbos alors qu'ils driftent que sur des parkings. Un autre conseil : mets des petites roues et gonfle-les à bloc, parce que c'est comme ça que tout à commencé pour moi.

Niveau Barjozoku tu en as pensé quoi ?

Quand j'ai vu le nom, j’ai pensé: « Ils sont complètement tarés ! Putain c'est loin. Ce sont des malades ! ». Et le pire c'est que ça fonctionne ! J'ai toujours kiffé des trucs qui partent de rien et qui se lancent sans limites. C'est comme Starfobargang. Ils font des t-shirts et c'est dingue. Le mec, il fait des coverings de fou. Ce n’est pas un truc connu au départ. Mais ils ont créé un monde tout autour. C'est un truc que je kiffe. Je n'hésite jamais à partager des trucs comme ça.

Remerciements

Je tenais à remercier mes parents, mon frère, mes sponsors qui me font confiance et tous les gens qui me soutiennent !

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Boris Ramos
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