Black Flag Engineering

Une interview différente cette fois-ci ! C'est en allant chercher un moteur de S12 que l'on a rendu visite à un BARJO族ZOKU tenancier de Black Flag Engineering, c'est un garage coup de coeur que je vais donc vous présenter avec la collaboration de Visual Ride pour les photos.

Antoine et Lucas se sont donc livrés à nous pour vous présenter ce garage un peu particulier !

  • Il sait décrocher ?
  • Je ne sais pas, on va voir !
  • (appel en cours)
  • Yo !
  • (blanc)
  • Putain ça marche trop mal ! Tu as un bon réseau chez toi ?
  • Ah ben oui oui, regarde, on a la 4G ici hein !

Enseigne BlackFlag Engineering

On va commencer par les présentations. Dites-nous tout !

Antoine : Tout ?! Ça fait 27 ans, ça commence à faire une belle histoire !

Antoine (forcément), 27 ans. J’habite dans le Puy-de-Dôme à la Bourboule en Auvergne. Avant, j’étais dans la filière bois, mais je me faisais chier ! Je suis maintenant propriétaire d’un garage de préparation automobile. J’ai fait une école de mécanique en compétition dans le sud de la France. Je n’ai donc jamais fait de mécanique "normale".

Pourquoi ce changement pour la mécanique ? C’est quelque chose qui te faisait kiffer depuis longtemps ?

Antoine : Je ne sais pas. Comme je t’ai dit, j’étais en première année de BTS dans la construction des maisons en bois. Puis, je me suis fait remercier parce que l’ordinateur pour apprendre n’était pas particulièrement fait pour moi. Je passais mon temps à dormir devant l'écran ! Du coup pour les quotas régionaux, ils se sont dit « lui, il ne l’aura jamais son brevet, on va le remercier avant ! »

J’ai passé un an à glander. J’avais 20 ans. J’ai ensuite fait cette école de préparation automobile, parce que ça avait l’air marrant et que la mécanique, tu peux mettre les mains dedans. C’était vraiment quelque chose que je voulais.

Et toi Lucas ?

Lucas : J'ai 23 ans, natif du 87, Limoges ! Je suis plutôt orienté Kaïdo Racer, donc touge à blinde ! J'aime exploiter des caisses qui n’ont pas de chevaux, mais dont le châssis peut être exploité. Je marche surtout à l'allégement. Je suis un peu touche-à-tout : mécanique moto, voiture, tondeuse. Je fais également du tatouage et pas mal de musique (guitare, batterie, basse) depuis presque 8 ans.

À côté de tout ça, j’élève mes deux petits loups à la sauce BARJO族ZOKU !

En trois mots : persévérant, responsable & bidouilleur.

Mais comment es-tu arrivé dans ce garage ?

Lucas : J’ai pu rencontrer Antoine sur une course de côte, on a beaucoup discuté, il m'a montré le garage, on a roulé au col ensemble. Je lui ai proposé un coup de main lorsqu'il en aurait besoin et il m’a très vite rappelé !

Pour finir, il m’a parrainé pour rejoindre ce groupe bizarre de BARJO族TrouDuKu.

Porsche 911 Shell

Antoine, parle-nous un peu de ton garage maintenant !

Antoine : « Mon garage... c’est quatre murs, un toit et des ponts ! »

Ahah, plus sérieusement, quand tu as commencé dans la compétition, est-ce que tu t’es fait connaitre tout de suite ? Comment ça s’est passé pour toi ?

Antoine : Avec l'école, on avait six mois d’insertion dans une team en fonction de ce qu’on avait envie de faire. J’ai choisi les véhicules historiques, parce que j’avais envie d’apprendre et de trifouiller des caisses originales, rares et amusantes !

Je me suis donc retrouvé à la Bourboule en tant que stagiaire. J’ai fini ma formation avant d’être embauché.

Au bout de 4 ans, comme mon patron était un peu vieux, mais fortuné, il m’a dit « si tu veux, tu crées une société, tu fais tout comme avant sauf que tu dois me donner l’argent ». Je me suis donc retrouvé patron, à faire tout comme avant, à gratter les mêmes voitures, des mêmes clients, mais avec les emmerdes d’un patron en plus !

Peux-tu nous parler un peu des quelques voitures sympas que tu as dans ton garage ?

Antoine : Concrètement, des voitures sympas, j’ai que ça. Je n’aime pas les voitures pas-sympas. Je n’en fais pas. Après ça dépend ce que tu appelles voitures sympas ! Il y a plusieurs styles. Par exemple, la voiture sympa que tout le monde possède : la Mustang (Genre tout le monde à une Mustang) c'est une icône américaine.

J’en ai d’autres sympas comme l’AE86, la Levin. Ce n’est pas non plus ouf, mais c’est sympa !

Toyota AE86 et reste du garage

Antoine : Et sinon en truc un peu monstrueux, il y a la 406 Supertourisme qui a remporté les championnats 1997 et 1998 en Allemagne. Là, c’est très, très sympa. C’est la même que dans Taxi (le film). Tu lui rajoutes juste la borne et GO !

Peugeot 406 Jaune

Antoine : Sinon, on a aussi une Z3 5.0L V8. C’est une des premières voitures sur lesquelles j’ai travaillé quand je suis arrivé. La voiture est entièrement renforcée au niveau des trains roulants et du châssis. Elle doit sortir environ 470cv à 8200 trs/min.

C’est une bonne chignole !

BMW Z3 5.0L V8

On a pu voir les deux Lotus en restauration quand on est passé. Est-ce l'une de tes activités ?

Lotus Jaune

Antoine : Je ne fais pas de restauration ; c’est très chiant.

Si tu tombes sur un vrai mec qui veut restaurer son auto, il va vouloir que toutes les vis du tableau de bord soient identiques. Il va vouloir que les joints soient d’origine. C’est ennuyeux comme boulot. Donc la restauration, non. Par contre, je reconstruis souvent les voitures de mes clients ! Que ça soit pour une commande ou une caisse de course, on se met au boulot.

Pour la base, un démontage complet et un sablage de l'auto. Après, on s’occupe de l’arceau aux normes en vigueur et on termine par un resoudage de la caisse. On la passe ensuite en peinture et on termine par un remontage aux petits oignons.

Il n'y a plus qu'à rouler !

Et toi Lucas, peux-tu nous parler un peu de ton poste au garage et des souvenirs que tu en as ?

Lucas : Au garage, je suis mécanicien. Je fais des remplacements de moteurs, de ponts et des installations de pièces diverses pour la piste. Je faisais aussi de l’assistance sur circuit, ainsi que toutes les vérifications sur les véhicules : les serrages, les changements de plaquettes, de pneus ou de pression. J’étais aussi présent pour communiquer avec le pilote : lui indiquer sa place en course et lors des qualifications ; les ouvertures pour les dépassements ou les arrêts obligatoires au stand. Et puis bien sûr, réparer si nécessaire. Je m'occupe aussi du rangement et du nettoyage du garage et des voitures. J’ai la chance d'avoir un boss comme Antoine, tant pour apprendre que pour bosser sur mes caisses.

BMW

Quels sont vos meilleurs souvenirs ?

Antoine : C’est compliqué ! Des souvenirs, j’en ai plein ! Tous les championnats que j’ai pu faire sont des bons souvenirs. On a la pression tout le week-end, tant le pilote et que le mécano et les résultats sont (presque) toujours agréables !

Mais il y en a bien un !

Lors de l'une de mes premières courses au circuit du Val-de-Vienne, où j'étais stagiaire, un pilote avait cassé sa Ford Escort au premier tour des qualifications. Il se retrouvait non qualifié et déjà dernier.

Dégouté, il m'a regardé et on lui a garanti qu'il roulerait le lendemain pour la course. Il était content. Mais sa caisse était une vraie daube. Niveau mécanique çà allait, mais le châssis était complètement tordu ... On a passé la nuit à détordre la bagnole comme on pouvait, à la rendre fiable, à réparer les vitres et le reste avec ce que l'on pouvait.

Le lendemain, il est parti 34ième, dernier et un peu en colère. Et il est remonté petit à petit. Au deuxième passage il était en position n° 15, au cinquième passage il était en septième position, au quatrième passage il était cinquième et il a finalement terminé deuxième.

Ça, c’est un fucking bon souvenir parce que quand la voiture part dernière, toute tordue et qu’elle finit deuxième, le sentiment du travail accompli est presque palpable. Tu vois l’achèvement de tout ton travail.

Lucas : Mon meilleur souvenir ... il n’y en a pas. Ce ne sont que des super souvenirs ! Prendre Antoine en vidéo en train de faire l'idiot au garage, encourager nos pilotes qui gagnent, être fier de leurs victoires et arriver sur les paddocks coude à la portière, musique à fond en mode « on est là » ! Prendre les caisses de course pour faire des essais ou les roder par la route, les délires entre copains, les restos, les apéros, la vue des belles machines et rencontrer des BARJO族ZOKU sur les circuits.

Enfin l'intégralité du temps passé là-bas c'est que du bon souvenir.

Voiture endommagée

Quelle est la caisse sur laquelle vous avez travaillé et qui vous a le plus marqué ?

Antoine : C’est assez difficile à dire. Des caisses où on se fait chier il y en a plein !

Laisse-moi réfléchir ...

Ah si ! J'ai kiffé une Escort RS2000 il y a deux ans. On est parti d’une caisse nue et on a suivi la même procédure que décrite plus précédemment. Le client la voulait verte et à sa première course la voiture a fait un podium (3ème au scratch) de tête.

En partant d'une "toile vierge", c'est ce que je préfère. Ça permet de penser la voiture et les améliorations sans contraintes. C'est plus compliqué en partant d'une auto qui a déjà été montée pour la course (sauf les préparées d’usine).

Lucas : Une Escort 2 RS, je n’ai pas fait grand-chose dessus : changement de plaquettes, des contrôles, des changements de pneus, nettoyage, changement d'alternateur, que de la merde ... mais putain ce que j'ai aimé bosser sur cette caisse !

Je suis fordiste, il ne faut pas l'oublier !

Ford Escort 2 RS

Quel est votre parcours automobile ?

Antoine : J’ai eu mon permis assez tard, à 19 ans parce que j’étais en région parisienne auparavant. Ma première caisse était une Super 5 TL de 45ch, édition coup de cœur, avec des lapins sur la sellerie. C’était mignon. J’ai bien appris avec, comme elle ne tenait pas la route. Mais je l'ai malencontreusement envoyée contre un Cherokee ... ... ... ... ... ÉGALITÉ ! Je lui ai bien mis sa mère !

À la suite de quoi, j’ai acheté une BMW. Ma E30, le 318IS que j’ai toujours. C'est à ce moment-là que je suis arrivé en Auvergne et que j'ai pu goûter à une conduite plus sportive et technique. Ce qui n'était pas faisable en région parisienne au feu rouge.

Lucas : Moi, j’ai appris la mécanique seul, en potassant les bouquins, en fouinant dans les forums pour chercher des modifs moteur ou châssis à faire. J’ai eu pas mal de voitures : une Hyundai Lantra 1.5 glsi, une Clio 1.2 16s, 2 Ford Puma 1.7 zetec dont une qui a fini autour d’un arbre, une Civic ec9, une Escort xr3i, une xr2i, une AX gt, une 318i e36 swaper m50b20 vanos prepa, une Clio Baccara 1.7, une Silvia S12, une Celica st162, un 318tds, un 316i e30, une Fiesta mk2 949 cc 45ch en cours de swap 1.8 115ch avec trains roulants de Ford Mondeo et une Audi a6 2.5 v6 tdi.

BMW into the ravin

Comment s’est passée votre rencontre avec les BARJO族ZOKU ?

Antoine : Quand je suis arrivé en Auvergne pour l’apprentissage du touge, j’avais un problème : j’étais tout seul ! Alors j’ai allumé l’ordinausore et j’ai cherché des groupes sur Facebook pour me faire des copains !

Malheureusement, ce genre de groupes, il n'en existait pas tant que ça, et le peu qu’il y avait n'était pas top, côté mentalité. Du coup, je ne trouvais pas de copains et puis quand j’allais sur les groupes de japonaises en disant que dans les montagnes, bein les Civic ne savaient pas me suivre, je n’étais pas trop bien vu et je me faisais radier.

Et c’est là que je suis tombé sur les BARJO族ZOKU ! Je me suis dit : l’esprit est cool, on va rentrer là-dedans et on va trouver plein de copains ! J’en ai trouvé un, mais bon en même temps je suis en Auvergne ...

J’en avais surtout marre de ne pas être pris au sérieux en arrivant sans japonaise de 300cv ... et j’avais besoin de trouver quelque chose de plus libre d’esprit et c’est en ça que le délire BARJO族ZOKU m'a bien rendu !

Aujourd’hui on peut voir plusieurs styles dans les BARJO族ZOKU ! Il y a une grosse partie qui sort du lot, qui fait des rassos, roulent un peu ! Après il y a une autre partie qui se donne du mal pour faire des trucs sympas comme la page ou le site web et une dernière qui roule !

Lucas : Moi, les BARJO族ZOKU, je pense m’y être bien intégré, ouais ! J'aime beaucoup la générosité de cette famille ! J’adorais le concept et j'ai voulu vous rejoindre pour dévoiler au grand jour, mon faible pour les caisses qui n’ont pas de puissance. Et puis le BARJO族DÉLIRE et les kaïdo racer ! C'est comme ça que je vois le monde de l'auto ! TOUGE !!!

Mon métier ne me le permet pas toujours (en fonction des saisons) de participer activement aux rencontres ou à la vie du groupe, mais l’ambiance et l’esprit de partage y sont cools et pour ça, je suis content d’y avoir adhéré dès le début !

BMW sur la neige

Crédit photo : Visual Ride & YouTube